A Daniel Machine, Un homme engagé

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A Daniel Machine, « ADONKOO » fils du majestueux fleuve Maroni
Conseiller Municipal de Maripasoula de 1985 à 1995
Conseiller Régional de la Guyane de 1986 à 1992 sous la Présidence de Monsieur Georges OTHILY et de 1998 à 2010 sous ma Présidence.
Président du Musée des Cultures Guyanaises de 1998 à 2010.
Un artiste et poète guyanais a chanté un jour « partir c’est mourir un peu ».
Pourtant nous avons eu l’impression qu’en quittant la Guyane au mois de février dernier, pour raisons de santé, tu nous reviendrais aussi fringuant qu’ « Andonkoo » venu tout droit de cette légende Bushi-nengué qui a traversé le temps.

« Adonkoo », précieux surnom qui t’a été offert par tes parents et amis sur le Maroni, le « Docteur » ou le « Maître » des poissons, celui qui plaît, qui se distingue des autres. Il est vrai que ces poissons arc en ciel sont magnifiques.

Mais plus que la beauté, ce surnom est le reflet de toute la gratitude et la reconnaissance qu’ils ont eu à ton égard, pour ta disponibilité, ta philanthropie, ton attention et l’amour donné aux « voies et voix du fleuve ».

Le fleuve, le Maroni a été ton univers. Des remontées ou des descentes du Maroni, durant deux décennies, tu as été intarissable, passionné. Conteur et animateur de ces grandes randonnées comment ne pas se souvenir de toutes ces histoires, parfois amplifiées qui nous a fait tant rire.

Au gré de clapotis des vagues, frappant la pirogue et défiant le mythique saut « laissé Dédé », tu nous as ouvert la porte de ton « jardin d’Eden ». Symphonie de couleurs aux multiples verts, la où les arbres sont séculaires, là ou l’eau imperturbable, crache continuellement sa fureur, toujours dans la même direction, du « Mitaraka » aux « Hattes ».

Cinq cent vingt kilomètres, d’une route interminable. Chez nous, les fleuves sont comparés aux veines du corps humain qui irriguent et rythme notre vie. Mais le jardin conduit à l’école du savoir et à l’instruction.

Comme beaucoup de tes congénères, tu as tracé le layon de l’identité et de la dignité d’un Peuple qui n’a pas attendu un décret venu du lointain pour briser ses chaines et vivre libre prés d’un siècle avant 1848.

Liberté arrachée au prix de sueur, de larmes de sang et du martyr héroïque Boni, qui a fait du Maroni un Monde sans frontière, une véritable avenue avec ses joies, ses peines, ses rituels, ses traditions.

Familles et communautés reconstituées, un ensemble aujourd’hui en gestation, à la démographie galopante qu’il faut pouvoir appréhender avec lucidité et pragmatisme.

Et de cet idéal qui a fait de toi le premier conseiller régional issu du peuple Bushiningué quand la Région Guyane t’a accueillit en 1986.

Tu as su rapidement imposer avec malice mais fermeté ta personnalité et ta vision, considérant qu’un peuple dont on a trop souvent falsifié l’histoire n’a pas d’avenir sans culture et sans mémoire.

Aussi, tu as lancé la Région sur les « Traces de Boni ». Guyane, Surinam, France Hexagonale, Pays-Bas, aller retour incessant pour étudier, comprendre et expliquer.

De cette farouche volonté d’enrichir la Guyane de sa diversité et de son métissage, les portes de la Présidence du Musée des Cultures Guyanaises t’ont été confiées durant deux mandatures de 1998 à 2010.

Le temps t’aura manqué pour voir émerger ce musée en sanctuaire destiné aux nombreuses collections qui honorent notre patrimoine. Tu as aussi participé au lancement et à l’ouverture de la route du Fleuve appelée de tes vœux et essentiel au développement du bas et du haut Maroni.

Mais l’homme de la forêt que tu as été, sait que la semence précède la récolte.

Cinquante trois ans de ta vie consacrée aux communes du Maroni, à son fleuve, à son pays, nous paraissent trop éphémères, tant les attentes soulèvent des impatiences légitimes.

Ce qu’il faut retenir et ce qui compte, c’est le sillon tracé, le devoir accompli, afin que les générations futures évoquent encore et toujours « ADONKOO », fils du majestueux fleuve Maroni, militant des causes les plus justes, serviteur de la Guyane éternelle à l’image de l’arbre du fromager que l’on retrouve tout au long du fleuve.

Antoine KARAM

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